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  • Photo du rédacteur: ANATERRE
    ANATERRE
  • 8 oct. 2018
  • 3 min de lecture

Notre enquête de terrain s’inscrit dans un processus de réflexion dynamique. Nous avons choisi d’exposer notre mécanisme de recherche dans sa chronologie afin de vous éclairer sur les questionnements soulevés, les outils mobilisés, les doutes et difficultés rencontrés. La présentation de ce blog suivra donc le cours de notre réflexion. Notre travail étant en constante évolution — et il l’est encore au moment où nous écrivons — nous avons réorienté plusieurs fois notre regard, parfois pour changer d’approche ou plus souvent pour la préciser.



Ce processus dynamique sera organisé dans notre blog à travers quatre grandes étapes:

  • Les premiers pas et la découverte du terrain ;

  • Délimitation de terrain et questions préliminaires ;

  • Redirection de sujet ;

  • Analyses et approfondissement

Nous terminerons notre blog de terrain sur une partie conclusive qui introduira les enjeux soulevés lors de notre enquête. Finalement, une dernière partie sera consacrée aux retours critiques, réflexifs par rapport à l'enquête menée.



La méthode de Grounded Theory


Notre intérêt commun pour comprendre les fractures sociales du territoire de Nanterre a guidé nos recherches à travers la semaine d’enquête sur le thème “À l’ombre de la Défense”. À partir d’une méthode consistant en des allers-retours constants entre la théorie et le terrain, nous avons pu affiner au fur et à mesure la délimitation de notre terrain ainsi qu'aiguiller nos axes de recherches. Inspirés par la méthode de Grounded Theory, c’est le terrain qui guide nos théorisations. Nous avons d’abord cherché à ancrer le territoire de la ville de Nanterre dans son histoire et sa genèse géographique, historique, politique, sociale et économique. Cette compréhension plutôt théorique, liée à nos premiers pas sur le terrain, nous a permis de cibler deux “micro-quartiers” (nous verrons plus tard la pertinence de cette appellation) : la cité d’Anatole France, dite Cité Rose et la zone d’aménagement concerté (ZAC) Rouget-de-Lisle. Notre objectif principal est alors de mettre en lumière les problématiques multiscalaires de ces deux micro-territoires.


« Si le local, le régional, le national, le mondial, s’impliquent et s’imbriquent, ce qui s’incorpore dans l’espace, les conflits actuels ou virtuels n’en sont ni absents ni éliminés » (H. Lefebvre, 1974)

Une comparaison dissymétrique


Notre étude a progressivement pris la forme d’une comparaison dissymétrique : l’étude de l’un permettant de mettre en avant les enjeux et problématiques de l’autre. En effet, dans notre processus d’enquête de terrain, notre intérêt pour la cité Anatole France s’est intensifié et la mettre en comparaison avec la ZAC Rouget-de-Lisle soulève les fonctionnements, dysfonctionnements, les mécanismes sociaux et les fragmentations sociales et spatiales de la cité Rose.


L'utilisation d'outils sur le terrain


En parallèle de nos recherches documentaires, nous avons multiplié l’usage d’outils sur le terrain, tout en étant conscients que le choix d’outils devait être pertinent et adapté à nos fins ainsi qu’à nos moyens: en effet, nous n’avions un délai d’une semaine de terrain seulement et la mise en place de certains outils semblait difficile dans un temps si restreint.


L’observation directe a été le premier outil mobilisé. Celui-ci nous a permis d’appréhender les “micro-territoires” choisis, de comprendre quelles catégories de population étaient concernées par les deux zones de territoire choisies, de dénombrer les services et équipements de chaque zone, d’observer les déplacements des individus, leur utilisation des espaces publics à différents moments de la journée, d’analyser les différents types de bâtis, de distinguer les axes structurants et d’examiner les rapports multiscalaires des micro-quartiers vers l’extérieur.


Plus techniquement, l’observation nous a permis d’effectuer du comptage, des croquis, cartes ainsi que des entretiens “informels”. Ces discussions, plus que des entretiens, ont été une première rencontre avec les habitants et une première prise de température, permettant l’ajustement de nos questionnements et la meilleure compréhension des mécanismes et usages sociaux des espaces étudiés. Ces vécus et ressentis d’habitants ont été une base solide pour la poursuite de notre enquête. Parallèlement à nos observations et recherches, nous avons entamé une phase d’entretiens, cette fois-ci enregistrés et guidés par des grilles d’entretiens adaptées au statut des enquêtés (gardiens d’immeuble des deux territoires étudiés, habitants, acteurs institutionnels, associatifs et directeur ou principal d’un établissement scolaire).

L'école : thème central de nos recherches


L’école est vite apparue comme thème central de nos observations : révélateur pertinent des mécanismes sociaux chez les habitants, l’école donne un regard intéressant sur les stratégies d’évitement, l’intégration sociale et plus généralement, sur les (dys)fonctionnements de chaque “micro-quartier”. Nous considérons donc l’école comme le reflet des mécanismes sociaux des individus d’un quartier à l’échelle d’un équipement.



 
 
 

Journée 1 - Vendredi 28 Septembre : Familiarisation avec les outils et premiers pas sur le terrain

Le premier jour de notre enquête de terrain a permis de poser des bases solides quant à notre approche du terrain. À travers la présentation de Nanterre par les acteurs du service d’urbanisme de la ville de Nanterre, M. Manuel Mossu, service prospective et stratégie urbaine de la ville de Nanterre ainsi que Mme Geneviève Bernanos, directrice de l’aménagement et du développement de la ville de Nanterre, nous avons pu saisir une vision globale des enjeux du territoire.


Nanterre, un territoire contrasté : 95 000 habitants, 95 000 emplois et pourtant un fort taux de chômage, notamment chez les jeunes. Cette commune au territoire historiquement ouvrier, se trouve aux portes du plus grand quartier d’affaires d’Europe : La Défense. À travers le projet du site de La Défense imposé par l’Etat, la ville essaye de tirer profit des aménagements des terrasses de Nanterre afin de développer la ville tout en conservant sa mixité sociale. C’est à travers deux premières balades urbaines que notre groupe essayera de saisir objectivement ces contrastes.


La première balade, guidée par Mme Bernanos et M. Mossu, a surtout permis de comprendre comment la ville opérait une transition notable à travers de nombreux projets de renouvellement urbain tout en essayant de garder un certain nombre de logements sociaux, d’attirer de nouvelles entreprises, de créer des espaces publics. En partant de l’Université Paris Nanterre, nous sommes passés devant le terrain du futur bâtiment des Archives, puis par la cité Anatole France et la nouvelle école INOV. Nous avons ensuite traversé le pont surplombant l’A86 (pollution sonore) pour arriver vers le site des Papeteries - parc du chemin de l’île - vue sur l’échangeur A86/A14 en travaux - puis l’écoquartier Hoche et le site du Docteur Pierre - et enfin le centre-ville. Nous avons pu voir la diversité des projets entrepris par la ville mais aussi, et surtout, comprendre la complexité à créer un “projet de territoire” qui pourrait créer une cohésion au sein de la ville.


Photo de gauche : échangeur A14/A86 ; Photos centrales : écoquartier Hoche

Photo de droite : site du Docteur Pierre


La seconde balade urbaine, guidée par Michel Mathys, président de l’association ABERPA (Association des habitants du secteur Berthelot Pascal) a débuté par la Gare Nanterre-Université, en haut de l’escalier menant au parvis de l’université, puis nous nous sommes dirigé vers le projet « Cœur de quartier », puis vers le centre social et culturel La Traverse animé par l’association Unis vers Cités. Ensuite, nous avons atteint les Terrasses de Nanterre, puis la cité des Provinces Françaises. “Urbanisme pas à pas”, “espace d’accueil locataire”, l’école, la place Nelson Mandela et enfin les Groues. Cette balade a participé à déconstruire les stéréotypes que nous pouvions avoir sur la ville mais aussi à y poser un autre regard au quotidien. Si la ville bruyante et en chantier est très présente pendant cette matinée, ce n’est pas cela que nous retenons. Cette promenade nous a plutôt ouvert les yeux sur les multiples tensions (sociales, de pouvoir, etc.) qui traversent cette ville de banlieue.


Ces deux balades, ainsi que la rencontre avec ces intervenants, ont guidé notre premier choix de territoire. Étudiants à Nanterre, certains depuis plus de 3 ans, nous n’avions que très peu de connaissances sur cette ville et beaucoup d’entre nous considéraient l’Université de Nanterre comme un “îlot construit au milieu de nul part”. Les balades ont donc permis de nous détacher des a priori et idées préconçues que nous avions sur cette commune. Dans le cadre du thème “À l’ombre de la Défense”, les communes de Courbevoie, Puteaux, La Garenne-Colombes et Nanterre sont impliquées. Néanmoins, cette première journée - première vue d’ensemble sur des enjeux politiques, socio-économiques et urbains - a largement influencé notre choix de s’intéresser au territoire de Nanterre en attisant notre curiosité.


En amont, nous avons pu nous préparer plus techniquement à travers la lecture de la théorie sur les enquêtes de terrain. Cette première familiarisation avec les outils de terrain permet d’ouvrir le champ des possibilités d’actions et de moyens d’enquêter sur le terrain mais nous a également servi à comprendre la nécessité de l’adaptation pertinente des outils utilisés face aux situations rencontrées et surtout face à la difficulté imposée: le délai d’une semaine de recherche en groupe de huit personnes.


Cette journée correspond donc à la découverte du terrain, aux premiers pas, certes timides, vers une délimitation de terrain.


Journée 2 - Samedi 29 Septembre : Première balade urbaine à Nanterre

Notre parcours illustré


En ce deuxième jour d’enquête de terrain, nous décidons de tous nous retrouver sous la Grande Arche de La Défense. Partir de “la lumière” de La Défense, nous semblait comme une évidence afin de comprendre le thème “À l’ombre de La Défense” et de saisir complètement l’ampleur du projet Seine-Arche.


Il est 10h15 lorsque nous entamons notre parcours. Nous longeons les Terrasses de Nanterre. Si tôt ce samedi matin, les terrasses manquent de vie. Il n’y a que quelques passants. Cela nous donne l’impression qu’il y a deux vies dans ce quartier : une vie calme les week-ends, des rues vides et même le terre-plein central accueillant des espaces verts est vide mais des espaces animés en semaine, surtout grâce aux travailleurs de La Défense gravitant autour des Terrasses.


Nous passons par la place Charles de Gaulle, où nous ressentons l’envie (et c'est bien la première fois) de nous arrêter. Des restes de l’armature des étales éphémères du marché encadrent l’esplanade et nous percevons mieux une vie de quartier. Des cafés ouverts, des habitants qui se rencontrent, nous entraînent à nous arrêter prendre un café.


Nous descendons les Terrasses et arrivons sur le chantier du projet “Cœur de Quartier”. De nombreuses grues nous donnent un sentiment d’écrasement. Nous décidons de continuer notre chemin vers la nouvelle gare de Nanterre-Université. De là, nous descendons l’esplanade de la gare et nous dirigeons vers la cité Anatole France. Après avoir traversé ce gros projet de Cœur de Quartier et la nouvelle gare en parfait état, la cité Anatole France et ses trois grandes barres semblent comme délaissées, d’autant plus que celles-ci font face au nouveau campus INOV et sont délimitées par les immeubles d’habitation des Voiles Blanches qui semblent avoir été construit récemment. Anatole France dénote par son architecture et semble oubliée par la commune.


Nous continuons notre chemin vers les anciennes papeteries. Pour cela, nous passons par l’imposant axe structurant qui délimite complètement le quartier que nous quittons: l’autoroute A86. Beaucoup de nuisances sonores et olfactives, nous pressons le pas pour nous éloigner de l’autoroute. Arrivés sur le site des papeteries, futur projet de renouvellement urbain, nous ne croisons personne. Evidemment, il ne semble pas y avoir d’immeubles d’habitation et nous continuons notre route vers le parc du chemin de l’Île. L’aménagement du parc est très agréable mais peu de familles semblent s’y retrouver à cette heure de la journée. Nous avons l’impression que les espaces publics aménagés ne sont pas pleinement exploités par les habitants, bien que nous soyons un samedi en début d’après-midi. Cette impression est à nuancer et nous sommes conscients qu’il faudra y revenir pour s’assurer de la non-utilisation de cet espace public.


Nous arrivons sur les bords de Seine, où la promenade devient très agréable par un temps radieux. Après quelques minutes à longer les berges, nous décidons de nous enfoncer dans le quartier du Chemin de l’Île. Nous traversons la cité des 5 tours qui nous marque par ses tours imposantes, sa densité devinée à travers les petites fenêtres si proches les unes des autres. Dans la cité, il y a des équipements sportifs, des voitures “en pièces détachées” qui nous donnent l’impression d’un garage à ciel ouvert… Puis, nous débouchons sur une rue pavillonnaire qui contraste complètement avec l’environnement derrière nous. Le long de la rue pavillonnaire, nous voyons le chantier du futur projet “Cœur de l’Île” (dont la livraison est prévue en 2020 ; le projet comprend une poste, une pharmacie, un supermarché, une brasserie… et 111 logements en accession encadrée ainsi que 90 logements étudiants). “Encore un chantier”… Mais qui, nous l’espérons, apportera une vie de quartier et de la cohésion dans un quartier partagé entre le pavillonnaire et les tours HLM.


Nous continuons notre chemin en nous dirigeant vers le centre-ville. Pour cela, nous passons par la place du marché, où les services de nettoyage s’affairent à rendre le lieu en état après la fin du marché… Nous regrettons d’avoir manqué le moment du marché, moment fort et représentatif d’une vie de quartier. Nous arrivons ensuite vers le centre-ville. Nous nous y sentons tout de suite à l’aise; beaucoup de monde dans les rues commerçantes, un esprit “vieux centre” traditionnel où beaucoup se déplacent à pied. Ce bourg est charmant et nous traînons un peu plus les pieds, comme si nous voulions y rester plus longtemps. Mais nous nous dirigeons enfin vers la place de la Boule: énorme rond-point au carrefour de plusieurs quartiers de Nanterre. Beaucoup de circulation, voitures et transports en commun, mais peu de piétons, les rues environnantes ne sont foulées par seulement peu d’habitants.


Nous retournons sur nos pas et passons par la ZAC Ste Geneviève, écoquartier de plus de 600 logements, dont le calme nous surprend. La ZAC, encadrée par des clôtures, nous donne le sentiment d’être enfermée sur elle-même.


Nous décidons, en cette fin de journée, de nous retrouver au centre-ville afin de regrouper nos impressions générales.


Les fragmentations de la ville sont très visibles et nous remarquons que la ville se pense en tant que quartier et non comme une ville dans son ensemble. Les quartiers sont en effet tournés vers eux-mêmes et l’hétérogénéité des espaces marque d’autant plus ces fragmentations. On passe d’atmosphères en atmosphères, chaque nouvel espace incarnant une ambiance différente. Il y a peu d’endroits où se rencontrer et les espaces publics semblent peu investis par les habitants, peut-être car “l’accès aux espaces verts ne va pas de soi”. “C’est un peu une ville morte”… Nous sommes tous étonnés du peu d’habitants croisés sur notre chemin lors de notre parcours, hormis au centre-ville qui semble avoir sa propre dynamique. Les mobilités dans la ville semblent être elles aussi fragmentées et ne pas inclure tout le monde. Il y a un grand nombre de chantiers, ce qui rend difficile de se projeter dans la ville. Le projet Seine-Arche semble s’être imposé sur un territoire sans en comprendre ses complexités et enjeux ; c’est un “territoire éventré par les opérations d’aménagement”. Nanterre est un territoire complexe, qu’il est difficile de saisir.


De gauche à droite et de haut en bas: Itinéraire de notre parcours - Arche de La Défense - Les Terrasses de Nanterre - Anciennes Papeteries - Parc du Chemin de l'Île - Bords de Seine - Cité des 5 tours - Projet "Cœur de Quartier - Centre-ville - ZAC Ste Geneviève


Journée 3 - Dimanche 30 Septembre : Documentation et première balade



Pour cette troisième journée, nous décidons de nous retrouver tous ensemble afin de nous documenter de manière plus approfondie sur la ville de Nanterre. Notre objectif est — après avoir découvert le terrain — de se renseigner sur des données plus théoriques afin d’orienter notre choix de terrain.


Nous nous sommes répartis le travail par axes de recherches: les données statistiques, l’histoire de la ville, le projet Seine-Arche, les projets urbains à venir, les caractéristiques de chaque quartier visité, le PLU de Nanterre, ainsi que le rôle des acteurs à différentes échelles. Nos recherches documentaires nous ont permis, à terme, de soulever les premières problématiques nous menant à notre choix de terrain.



Notre compréhension de l’histoire de la ville nous a permis de comprendre plus précisément l’attachement de la municipalité au développement de logements sociaux. La ville s’est développée autour du chemin de l’Île et du vieux centre ; la place de La Boule était une place royale et le Mont Valérien était reconnu pour les cultes religieux. Lors de la Révolution française, la ville a été coupée de Paris et les échanges entre Nanterre et Paris ont été interrompu. Les échanges ont repris avec l’implantation des chemins de fer en 1837, notamment avec la première ligne de transfert pour voyageurs. La ville s’est développée avec des populations implantées autour de la gare et les familles ouvrières s’installent dans les années 1920. À la fin du XIXe et début XXe siècle, les industries s’installent (élevage, papeteries, dentifrice, alcool, biscuiterie), près de l’eau, de la Seine, où de vastes terrains pouvaient être investis. Avec l’élection du maire Raymond Barbet — qui participe à la création des offices HLM — on voit l’aménagement des quartiers populaires se mettre en place. Dans les années 1960, viennent la construction de l’Université Paris X, du RER et des autoroutes. Nanterre devient un territoire attractif, on rénove le vieux centre. On assiste à une transformation brutale pour pouvoir implanter de gros projets.



La ville est historiquement communiste et voit, depuis 1933, des maires du parti communiste mettre en place des infrastructures sociales, des écoles, crèches, maisons de jeunes dans une volonté d’offrir des logements sociaux pour tous.



Selon l’INSEE, en 2015, la ville de Nanterre comprend 93 742 habitants, c’est la deuxième commune la plus peuplée du département des Hauts-de-Seine et la cinquième de la région. La population est plutôt jeune, il y a plus de femmes que d’hommes et beaucoup de familles. 32% de la population active travaille à Nanterre, et le taux de personnes sans activité est de 21,8%. Il y a 11,8% de chômage, surtout chez les moins de 24 ans. On a un taux de pauvreté de 21,2%. Le taux de logements sociaux est élevé : 54%.

Environ 50% des habitants déclarent prendre les transports en commun, 38% se déplacent en voiture tandis que 9,7% sont à pied.


En s’intéressant aux différents quartiers composant la commune, notre curiosité est piquée par la création administrative d’un nouveau quartier; le quartier République comprenant deux grands pôles d'habitation ; la ZAC Rouget-de-Lisle, construite dans le cadre du projet Seine-Arche et la cité Anatole France, 3 barres HLM construites en 1954-55. Nous nous demandons alors : “est-ce que cette délimitation est pertinente?”. La ville de Nanterre est en pleine mutation avec de multiples projets et opérations sur les différents quartiers de Nanterre. Nous évoquons l’idée de travailler sur le quartier de République mais le quartier Université semble tout aussi intéressant, sa manière d’être enclavé et d’être en repli sur soi-même, comme ignorant l’existence du reste de la ville.

Le projet Seine-Arche vient modifier considérablement la ville de Nanterre et accentue les fractures urbaines qui étaient déjà présentes à travers les axes structurants.


“Travailler sur un quartier en chantier, où l’on saisit que peu les résultats de ces aménagements est-il une bonne idée ?”


Le thème “À l’ombre de La Défense” nous amène à questionner l’identité de Nanterre : est-ce pertinent de dire que la ville perd son identité ? Est-ce que la Défense « écrase tout » symboliquement, financièrement et idéologiquement ?


Réflexions entre nous:


"- On ne voit pas trop de vie de quartier dans tous les endroits où nous sommes passés dans la ville...
- On y est allé un samedi aussi. Donc notre vision de la ville est sans doute biaisée.
- Peut-être... Moi je pense qu’elle n’est pas si biaisée que ça. A Rueil-Malmaison, par exemple, le Samedi quand il fait beau, tout le monde est dans les rues, à la différence de Nanterre où il n’y a personne.”

Nous avons relevé énormément de problématiques qui traversent Nanterre : mobilités, trajectoires individuelles, sentiments d’appartenance aux quartiers, fragmentations spatiales… Et nous avons des difficultés à circoncire le travail : est-ce qu’il faut penser « projet » ou plus en termes d’étude socio-urbaine ? Pourquoi comparer deux territoires ? Quelles variables comparer ? Ne sommes-nous pas trop subjectifs ?


Nous voulions mieux cerner la ville, la remettre dans son contexte global et à différentes échelles. Nous sommes conscients qu’il faut faire attention à ce qui nous a été dit vendredi par les acteurs de l’urbanisme de la ville de Nanterre : ne pas être influencés dans la perception de la ville, ce qui aurait orienté notre regard. La fin de la journée approche et notre réflexion se précise un peu plus quoique toujours floue: le quartier République semble représentatif des dynamiques de Nanterre (une cité HLM, une nouvelle gare RER, l’A86 délimitant le quartier, une ZAC mise en place dans le cadre du projet Seine-Arche, les anciennes Papeteries dans un futur projet de renouvellement urbain…). Dans l’attente du premier rendez-vous avec Frédéric Dufaux, notre première idée semble alors de travailler sur ce quartier.



 
 
 

"Le quartier République semble représentatif des dynamiques de Nanterre"


Nous avions la volonté de ne pas mener notre enquête de manière linéaire, de façon à pouvoir effectuer des aller-retours entre la théorie et la pratique. Cette quatrième journée de terrain (lundi 1 octobre 2018) a été le résultat d’un processus dynamique en trois temps. La délimitation de notre terrain s’est formée tout d’abord autour des questionnements qui ont émergé lors de nos premières promenades urbaines et de nos recherches bibliographiques.


Le foisonnement des problématiques nous a, dans un premier temps, perdu. Nous avons ensuite, retrouvé notre chemin grâce à l’entrevue avec Fréderic Dufaux. Cet échange nous a permis de préciser les objectifs de l’exercice mais aussi de resserrer l’analyse de l’échelle de notre terrain. Suite à cela nous nous sommes retrouvés pour mener des recherches bibliographiques plus approfondies et échanger sur la journée. Après un exercice de comparaison entre deux micro-territoires appartenant au quartier République, nous avons ciblé deux espaces du quartier à étudier.


Pour finir, nous nous sommes recentrés sur quelques points important afin de mener une comparaison de ces deux espaces. Pour cela nous avons utilisé plusieurs indicateurs qui ont pu faire émerger de nombreuses problématiques, la principale étant « Le quartier République fait il est quartier ? ». Pour répondre à ces questionnements nous avons planifié et organisé notre approche du terrain pour le lendemain. Comme vous l’avez compris, cette partie va sillonner notre processus.


Journée 4: Lundi 1 octobre 2018 - 1er temps - Des recherches théoriques au terrain: observations et entretiens exploratoires, la genèse des questionnements


Les recherches :


Cette journée s’inscrit dans la continuité de nos premières promenades urbaines et des recherches théoriques du dimanche 30 septembre. Nous avions alors constaté que la ville de Nanterre était fragmentée en de multiples «morceaux de ville» qui semblaient tournés vers eux-mêmes, et donc ne pas fonctionner ensemble. Cette réalité de poly-centralités fait écho à la volonté municipale de penser les aménagements urbains en termes de «projet de territoire», c’est-à-dire penser la cohésion sociale à l’échelle du quartier.


Cette intention politique semble dressée par la municipalité comme une alternative au projet Seine-Arche. Lors de ce début de terrain nous cherchions à confronter cette volonté politique à la réalité de terrain. C’est pour cela que nous avions décidé de nous intéresser au quartier République et au quartier Université. Pour nous, ces deux quartiers nous semblaient rassembler l’ensemble des dynamiques de la ville de Nanterre. Si nous étions incertains sur le choix du quartier Université, nous étions unanimes sur le choix de nous intéresser au quartier République. Au regard de nos connaissances (historiques, sociales, économiques, etc.) il nous apparaissait représentatif des dynamiques de Nanterre.


En effet, le quartier République est un nouveau quartier administratif, dont les délimitations ont été votées lors du conseil municipal d’octobre 2008. Elles visent avant tout à prendre en considération les nombreux projets urbains qui, à terme, vont profondément modifier ce territoire.


De plus, le quartier République est un pôle important en matière de transports notamment avec l’A14 et l’A86 et en 2015, et la gare Nanterre-Université. On constate également de nombreuses coupures urbaines qui complexifient la continuité et la cohérence urbaine de ce territoire : passage des voies de RER Paris-Cergy et Paris-St Germain en Laye, couverture de l’échangeur A14/A86, en travaux depuis près de 20 ans.


En ce qui concerne les logements, les deux principaux ensembles de logements qui sont implantés dans le quartier République sont : la ZAC Rouget-de-Lisles impulsé par l’EPADESA, qui est composée de logements neufs construits entre 2000 et 2012. Elle mélange le privatif, le logement social, le logement étudiant. Et la cité Anatole France, constituée de trois barres construites en 1955, qui propose quasi exclusivement du logement social. Ces deux composantes résidentielles sont très hétérogènes.



A l’inverse nous étions beaucoup plus sceptiques quant au choix d’étudier le quartier Université. Au cœur de nombreuses mutations, pour appréhender les dynamiques concrètes de ce quartier, il nous aurait fallu plus de temps. En effet, le quartier Université est un quartier très riche en infrastructures et en équipements. On y trouve l’université Paris Ouest Nanterre, campus de 27 hectares avec 30 000 étudiants, la cité administrative comprenant la Préfecture des Hauts-de-Seine, le Conseil Général des Hauts-de-Seine (Hôtel du Département) et le tribunal de Grande Instance où travaillent chaque jour plus de 7 000 salariés et la gare RATP et SNCF « Nanterre Université » accueillant plus de 50.000.



Questionnements et objectifs :


En parallèle de nos recherches documentaires, nous avions décidé de croiser nos premières observations pour confronter cette histoire avec la réalité du terrain. A ce moment de la semaine, de nombreuses questions avaient émergé, notamment concernant le sentiment d’appartenance au quartier. Si nous avons d’abord ciblé les quartiers de République et Université, c’est parce qu’ils nous semblaient être des quartiers en constantes mutations, avec des morphologies urbaines et des compositions sociales très intéressantes. En effet, suite aux premières promenades urbaines, malgré l’enclavement des quartiers au centre de grandes infrastructures viaires, nous avions l’impression qu’une certaine mixité sociale existait.


Nous avons pris conscience de cela lors de nos discussions avant d’aller faire des observations de terrain. Cette réflexivité nous a permis d’essayer d’éviter d’orienter nos regards lors du terrain. En effet, cela pourrait également fausser nos conceptions lors de l’analyse.


En retournant sur le terrain lundi matin, Nous voulions le découvrir avec davantage de minutie et pouvoir spatialiser nos recherches théoriques et visualiser toutes les problématiques qui l’animent.


La décision quant au choix de notre terrain ne pouvait se faire sans avoir consacré un temps nécessaire et suffisant à l’exploration des terrains. De plus, nous avions très peu de temps, c’est pourquoi le déploiement et l’adaptation des outils de terrains a été primordial. Pour préparer le terrain nous avons décidé de recentrer nos regards sur plusieurs critères : les catégories de personnes, les types de logements, les types de services et d’équipements. Nous avons décidé d’effectuer un comptage, d’observer les déplacements, de rencontrer les habitants (entretiens exploratoires) mais aussi d’observer les tissus urbains et les organisations spatiales des micro-territoires. Pour ce faire, nous avons fait le choix de déployer et utiliser plusieurs outils comme l’observation, la photographie, les entretiens exploratoires, les cartes, les comptages…



Nous avons donc consacré notre matinée du lundi 1 octobre 2018 à arpenter le quartier République et le quartier de l’Université pour que chaque personne du groupe soit capable de s’y repérer et de spatialiser les problématiques des territoires. Dans cette dynamique, Romane et Inès avaient décidé de se retrouver un peu plus tôt (vers 7h00) pour parcourir la zone Hoche et la zone industrielle des Bords de Seine. Nous nous retrouvons tous à 10h à l’Université dans l’objectif de sillonner, en groupe de quatre, le quartier République et le quartier Université; Inès, Shahinaz, Romane, Kahina se sont rendues dans le quartier République et Canelle, Céline, Salah et Lise se sont rendus dans le quartier Université.


Le terrain : observations et entretiens exploratoires


Nous avons donc amassé beaucoup d’informations et soulevé beaucoup de problématiques:

Comment les formes d’habitats agissent-ils sur les formes d’habiter ? Les manques de services influencent-ils la vie de quartier? Comment les formes d’habitat influencent les pratiques? Comment la cité Anatole France existe-t-elle au cœur des projets pensés dans l’axe de la Défense?

Journée 4: Lundi 1er octobre 2018 - 2éme temps : Affinement de notre approche avec Fréderic Dufaux, retours réflexifs en groupe et choix des terrains d’études




En nous amenant à clarifier les axes d’analyse ressortis des promenades urbaines (polarisation, dysfonctionnements, fragmentations en sont quelques exemple très larges), F. Dufaux nous aide à recentrer notre terrain d’étude sur un territoire moins large. En effet, nous prenons conscience que, considérant le temps imparti, nous ne pourrons pas étudier en profondeur deux territoires aussi complexes que le quartier de l’Université et de République. De plus, le foisonnement des problématiques et notre intérêt pour beaucoup d’entre elles, rendent difficile le choix de l’approche du terrain.


A l’issue de notre rencontre avec F. Dufaux nous décidons de choisir comme premier terrain la zone Anatole France (comprenant les trois barres d’habitations, les établissements scolaires, les espaces publics centraux et les axes de circulations). Le second terrain d’étude ne nous est pas apparu de manière aussi évidente. Souhaitant comparer deux espaces visiblement différents, nous avons pensé à des espaces résidentiels récents tels que l’éco-quartier Hoche et la ZAC Rouget-de-Lisle. Nous avons cherché à comparer les problématiques explicitent de chaque espaces.




A la suite d’une discussion de groupe, nous décidons de choisir les deux espaces résidentiels du quartier République; Anatole France et Rouget-de-Lisle. Ces deux secteurs, représentatifs des dynamiques qui traversent le quartier République, suscitent notre intérêt pour trois raisons:

  • leur proximité spatiale - ils appartiennent à République

  • leur différences physiques et sociales (seulement HLM et espace mixte)

  • les deux secteurs sont touchés par les dynamiques du projet Seine Arche


Carte mesurant l'impact spatial du projet Seine Arche sur les espaces environnants



Si les deux secteurs ont des équipements équivalents (écoles, écoles maternelles, centre de loisirs), ils ont des morphologies (bâtit, tissu urbain, organisations spatiale - espace public et de tissu social…) et des histoires différentes:


La ZAC Rouget-de-Lisle, a été aménagé par Paris La Défense. Elle représente un projet imposé par l’Etat. Cette zone d’aménagement concentré, fut initiée en 1994, par l’EPAD - Etablissement public pour l’aménagement - et relancée dans le cadre du projet Seine Arche en 2002. L’îlot est composé de plusieurs résidences; “Patios de Verre”, “de l’Avenir” ont été livré en 2008,la résidence “Logis Transport” a été livrée en 2011.



Cette vidéo a été tournée et montée par Anaterre


La construction de la cité Anatole France date de 1955, elle a connu une rénovation partielle en 1995. Sa morphologie urbaine se compose de trois grandes barres de douze étages, qui s’inscrivent dans la démarche architecturale des grands ensembles. L’idée initiale est de loger le personnel civil et militaire relevant de la Défense Nationale dans des barres à proximité du lieu de travail. Les militaires et leurs familles étaient à la fois français ou étrangers, de passage pour une ou plusieurs missions. Aujourd’hui, une barre est encore gérée par la Défense Nationale. Notons que des jardins partagés ont été créés par un collectif des résidents en 2004.


Cette vidéo a été tournée et montée par Anaterre


A cette étape du travail, le foisonnement des informations nous ralentit dans l’élaboration d’une comparaison claire entre les deux micro-territoires.

Nos questionnements étaient alors:


Observe-t-on des dynamiques de cohésion sociale à l’échelle des quartiers ? Peut-on parler « d’esprit de quartier » ou de « vie de quartier » ? Comment les habitants perçoivent-ils leurs espaces habités ? Notre questionnement central se situait autour de l’idée de sentiment d’appartenance, du « faire quartier ». Nous avons donc décidé de comparer les îlots de Rouget-de-Lisle et d’Anatole pour comprendre si le quartier République “fait quartier”?

RECHERCHES ÉPISTÉMOLOGIQUE "QUARTIER" : se compose de deux éléments, un territoire et une communauté (cf. Bédarida) - La notion de quartier se comprend à la fois par “découpage administratif opératoire” et le sentiment d’appartenance à un groupe, lié aux liens sociaux tissés avec le voisinage, on parle de “faire quartier” lorsque ces liens structurent la vie locale.



 
 
 

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