ETAPE 2 : DÉLIMITATION DU TERRAIN ET QUESTIONNEMENTS PRÉLIMINAIRES:
- ANATERRE
- 6 oct. 2018
- 7 min de lecture
"Le quartier République semble représentatif des dynamiques de Nanterre"
Nous avions la volonté de ne pas mener notre enquête de manière linéaire, de façon à pouvoir effectuer des aller-retours entre la théorie et la pratique. Cette quatrième journée de terrain (lundi 1 octobre 2018) a été le résultat d’un processus dynamique en trois temps. La délimitation de notre terrain s’est formée tout d’abord autour des questionnements qui ont émergé lors de nos premières promenades urbaines et de nos recherches bibliographiques.
Le foisonnement des problématiques nous a, dans un premier temps, perdu. Nous avons ensuite, retrouvé notre chemin grâce à l’entrevue avec Fréderic Dufaux. Cet échange nous a permis de préciser les objectifs de l’exercice mais aussi de resserrer l’analyse de l’échelle de notre terrain. Suite à cela nous nous sommes retrouvés pour mener des recherches bibliographiques plus approfondies et échanger sur la journée. Après un exercice de comparaison entre deux micro-territoires appartenant au quartier République, nous avons ciblé deux espaces du quartier à étudier.
Pour finir, nous nous sommes recentrés sur quelques points important afin de mener une comparaison de ces deux espaces. Pour cela nous avons utilisé plusieurs indicateurs qui ont pu faire émerger de nombreuses problématiques, la principale étant « Le quartier République fait il est quartier ? ». Pour répondre à ces questionnements nous avons planifié et organisé notre approche du terrain pour le lendemain. Comme vous l’avez compris, cette partie va sillonner notre processus.
Journée 4: Lundi 1 octobre 2018 - 1er temps - Des recherches théoriques au terrain: observations et entretiens exploratoires, la genèse des questionnements
Les recherches :
Cette journée s’inscrit dans la continuité de nos premières promenades urbaines et des recherches théoriques du dimanche 30 septembre. Nous avions alors constaté que la ville de Nanterre était fragmentée en de multiples «morceaux de ville» qui semblaient tournés vers eux-mêmes, et donc ne pas fonctionner ensemble. Cette réalité de poly-centralités fait écho à la volonté municipale de penser les aménagements urbains en termes de «projet de territoire», c’est-à-dire penser la cohésion sociale à l’échelle du quartier.
Cette intention politique semble dressée par la municipalité comme une alternative au projet Seine-Arche. Lors de ce début de terrain nous cherchions à confronter cette volonté politique à la réalité de terrain. C’est pour cela que nous avions décidé de nous intéresser au quartier République et au quartier Université. Pour nous, ces deux quartiers nous semblaient rassembler l’ensemble des dynamiques de la ville de Nanterre. Si nous étions incertains sur le choix du quartier Université, nous étions unanimes sur le choix de nous intéresser au quartier République. Au regard de nos connaissances (historiques, sociales, économiques, etc.) il nous apparaissait représentatif des dynamiques de Nanterre.
En effet, le quartier République est un nouveau quartier administratif, dont les délimitations ont été votées lors du conseil municipal d’octobre 2008. Elles visent avant tout à prendre en considération les nombreux projets urbains qui, à terme, vont profondément modifier ce territoire.
De plus, le quartier République est un pôle important en matière de transports notamment avec l’A14 et l’A86 et en 2015, et la gare Nanterre-Université. On constate également de nombreuses coupures urbaines qui complexifient la continuité et la cohérence urbaine de ce territoire : passage des voies de RER Paris-Cergy et Paris-St Germain en Laye, couverture de l’échangeur A14/A86, en travaux depuis près de 20 ans.
En ce qui concerne les logements, les deux principaux ensembles de logements qui sont implantés dans le quartier République sont : la ZAC Rouget-de-Lisles impulsé par l’EPADESA, qui est composée de logements neufs construits entre 2000 et 2012. Elle mélange le privatif, le logement social, le logement étudiant. Et la cité Anatole France, constituée de trois barres construites en 1955, qui propose quasi exclusivement du logement social. Ces deux composantes résidentielles sont très hétérogènes.
A l’inverse nous étions beaucoup plus sceptiques quant au choix d’étudier le quartier Université. Au cœur de nombreuses mutations, pour appréhender les dynamiques concrètes de ce quartier, il nous aurait fallu plus de temps. En effet, le quartier Université est un quartier très riche en infrastructures et en équipements. On y trouve l’université Paris Ouest Nanterre, campus de 27 hectares avec 30 000 étudiants, la cité administrative comprenant la Préfecture des Hauts-de-Seine, le Conseil Général des Hauts-de-Seine (Hôtel du Département) et le tribunal de Grande Instance où travaillent chaque jour plus de 7 000 salariés et la gare RATP et SNCF « Nanterre Université » accueillant plus de 50.000.
Questionnements et objectifs :
En parallèle de nos recherches documentaires, nous avions décidé de croiser nos premières observations pour confronter cette histoire avec la réalité du terrain. A ce moment de la semaine, de nombreuses questions avaient émergé, notamment concernant le sentiment d’appartenance au quartier. Si nous avons d’abord ciblé les quartiers de République et Université, c’est parce qu’ils nous semblaient être des quartiers en constantes mutations, avec des morphologies urbaines et des compositions sociales très intéressantes. En effet, suite aux premières promenades urbaines, malgré l’enclavement des quartiers au centre de grandes infrastructures viaires, nous avions l’impression qu’une certaine mixité sociale existait.
Nous avons pris conscience de cela lors de nos discussions avant d’aller faire des observations de terrain. Cette réflexivité nous a permis d’essayer d’éviter d’orienter nos regards lors du terrain. En effet, cela pourrait également fausser nos conceptions lors de l’analyse.
En retournant sur le terrain lundi matin, Nous voulions le découvrir avec davantage de minutie et pouvoir spatialiser nos recherches théoriques et visualiser toutes les problématiques qui l’animent.
La décision quant au choix de notre terrain ne pouvait se faire sans avoir consacré un temps nécessaire et suffisant à l’exploration des terrains. De plus, nous avions très peu de temps, c’est pourquoi le déploiement et l’adaptation des outils de terrains a été primordial. Pour préparer le terrain nous avons décidé de recentrer nos regards sur plusieurs critères : les catégories de personnes, les types de logements, les types de services et d’équipements. Nous avons décidé d’effectuer un comptage, d’observer les déplacements, de rencontrer les habitants (entretiens exploratoires) mais aussi d’observer les tissus urbains et les organisations spatiales des micro-territoires. Pour ce faire, nous avons fait le choix de déployer et utiliser plusieurs outils comme l’observation, la photographie, les entretiens exploratoires, les cartes, les comptages…
Nous avons donc consacré notre matinée du lundi 1 octobre 2018 à arpenter le quartier République et le quartier de l’Université pour que chaque personne du groupe soit capable de s’y repérer et de spatialiser les problématiques des territoires. Dans cette dynamique, Romane et Inès avaient décidé de se retrouver un peu plus tôt (vers 7h00) pour parcourir la zone Hoche et la zone industrielle des Bords de Seine. Nous nous retrouvons tous à 10h à l’Université dans l’objectif de sillonner, en groupe de quatre, le quartier République et le quartier Université; Inès, Shahinaz, Romane, Kahina se sont rendues dans le quartier République et Canelle, Céline, Salah et Lise se sont rendus dans le quartier Université.
Le terrain : observations et entretiens exploratoires
Nous avons donc amassé beaucoup d’informations et soulevé beaucoup de problématiques:
Comment les formes d’habitats agissent-ils sur les formes d’habiter ? Les manques de services influencent-ils la vie de quartier? Comment les formes d’habitat influencent les pratiques? Comment la cité Anatole France existe-t-elle au cœur des projets pensés dans l’axe de la Défense?
Journée 4: Lundi 1er octobre 2018 - 2éme temps : Affinement de notre approche avec Fréderic Dufaux, retours réflexifs en groupe et choix des terrains d’études

En nous amenant à clarifier les axes d’analyse ressortis des promenades urbaines (polarisation, dysfonctionnements, fragmentations en sont quelques exemple très larges), F. Dufaux nous aide à recentrer notre terrain d’étude sur un territoire moins large. En effet, nous prenons conscience que, considérant le temps imparti, nous ne pourrons pas étudier en profondeur deux territoires aussi complexes que le quartier de l’Université et de République. De plus, le foisonnement des problématiques et notre intérêt pour beaucoup d’entre elles, rendent difficile le choix de l’approche du terrain.
A l’issue de notre rencontre avec F. Dufaux nous décidons de choisir comme premier terrain la zone Anatole France (comprenant les trois barres d’habitations, les établissements scolaires, les espaces publics centraux et les axes de circulations). Le second terrain d’étude ne nous est pas apparu de manière aussi évidente. Souhaitant comparer deux espaces visiblement différents, nous avons pensé à des espaces résidentiels récents tels que l’éco-quartier Hoche et la ZAC Rouget-de-Lisle. Nous avons cherché à comparer les problématiques explicitent de chaque espaces.

A la suite d’une discussion de groupe, nous décidons de choisir les deux espaces résidentiels du quartier République; Anatole France et Rouget-de-Lisle. Ces deux secteurs, représentatifs des dynamiques qui traversent le quartier République, suscitent notre intérêt pour trois raisons:
leur proximité spatiale - ils appartiennent à République
leur différences physiques et sociales (seulement HLM et espace mixte)
les deux secteurs sont touchés par les dynamiques du projet Seine Arche
Carte mesurant l'impact spatial du projet Seine Arche sur les espaces environnants

Si les deux secteurs ont des équipements équivalents (écoles, écoles maternelles, centre de loisirs), ils ont des morphologies (bâtit, tissu urbain, organisations spatiale - espace public et de tissu social…) et des histoires différentes:
La ZAC Rouget-de-Lisle, a été aménagé par Paris La Défense. Elle représente un projet imposé par l’Etat. Cette zone d’aménagement concentré, fut initiée en 1994, par l’EPAD - Etablissement public pour l’aménagement - et relancée dans le cadre du projet Seine Arche en 2002. L’îlot est composé de plusieurs résidences; “Patios de Verre”, “de l’Avenir” ont été livré en 2008,la résidence “Logis Transport” a été livrée en 2011.
Cette vidéo a été tournée et montée par Anaterre
La construction de la cité Anatole France date de 1955, elle a connu une rénovation partielle en 1995. Sa morphologie urbaine se compose de trois grandes barres de douze étages, qui s’inscrivent dans la démarche architecturale des grands ensembles. L’idée initiale est de loger le personnel civil et militaire relevant de la Défense Nationale dans des barres à proximité du lieu de travail. Les militaires et leurs familles étaient à la fois français ou étrangers, de passage pour une ou plusieurs missions. Aujourd’hui, une barre est encore gérée par la Défense Nationale. Notons que des jardins partagés ont été créés par un collectif des résidents en 2004.
Cette vidéo a été tournée et montée par Anaterre
A cette étape du travail, le foisonnement des informations nous ralentit dans l’élaboration d’une comparaison claire entre les deux micro-territoires.
Nos questionnements étaient alors:
Observe-t-on des dynamiques de cohésion sociale à l’échelle des quartiers ? Peut-on parler « d’esprit de quartier » ou de « vie de quartier » ? Comment les habitants perçoivent-ils leurs espaces habités ? Notre questionnement central se situait autour de l’idée de sentiment d’appartenance, du « faire quartier ». Nous avons donc décidé de comparer les îlots de Rouget-de-Lisle et d’Anatole pour comprendre si le quartier République “fait quartier”?
RECHERCHES ÉPISTÉMOLOGIQUE "QUARTIER" : se compose de deux éléments, un territoire et une communauté (cf. Bédarida) - La notion de quartier se comprend à la fois par “découpage administratif opératoire” et le sentiment d’appartenance à un groupe, lié aux liens sociaux tissés avec le voisinage, on parle de “faire quartier” lorsque ces liens structurent la vie locale.
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