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ETAPE 3 : REDIRECTION DU SUJET

  • Photo du rédacteur: ANATERRE
    ANATERRE
  • 5 oct. 2018
  • 10 min de lecture

Le choix de l’orientation du sujet nous a amené à approfondir nos connaissances historiques sur le quartier République (avant, pendant et après sa création) et, forts de cela, à retourner sur le terrain pour observer les pratiques et logiques d’occupation de l’espace des habitants.



Mardi 2 octobre 9h/10h - 11h30, Discussion avec Michel MATHYS à la Traverse, centre social et culturel à Nanterre.


Illustration, le groupe près de la Traverse, lieu clef de rencontre pour le travail de groupe, lieu clef du territoire (dessin Anaterre)




La rencontre avec Michel Mathys (« Habitant expert »: membre actif dans association ABERPA et Unis-Ver-Cité) était envisagée dans le but de répondre aux questions soulevées lors de la recherche bibliographique du dimanche.

Habitant de Nanterre engagé aux côtés de la municipalité dans la lutte contre le projet Seine-Arche, Michel Mathys est également membre des associations ABERPA et Unis-vers-cité.


Lors de cette entrevue, il nous a apporté énormément d’informations; nous avons échangé sur l’évolution historique de la ville de Nanterre, sur les tensions et les divergences des politiques d’aménagement mais aussi sur les oppositions entre les acteurs intervenant sur ce territoire (mairie, habitants, associations, bailleurs,..).


En s’appuyant sur son vécu et sur le livre de Roncayolo, "Territoire en partage: Nanterre, Seine Arche: en recherche d'identité(s).", il nous aide à situer l’évolution des quartiers étudiés dans le projet Seine Arche, notamment sur le quartier Université, qui autrefois, était constitué des 3 cités ; Anatole France, Berthelot, ainsi que la ZAC de Rouget-de-Lisle qui était alors constitué uniquement d'habitat pavillonnaire. À ce sujet,  il précise qu’aucun projet n’a été destiné à la cité Anatole France, mise à part l’hypothèse d’une démolition partielle d’une de ses barres, chose qui reste encore en discussion.


À la fin de cette rencontre, il laisse à notre disposition certaines références bibliographiques ainsi que des dossiers de diagnostic du territoire ‘’quartier Université’, qui sont disponibles dans la bibliothèque du centre de la Traverse.


RETOURS CRITIQUES SUR CET ENTRETIEN COLLECTIF:


Nous avons constaté que Michel Mathys, malgré son travail dans l’association et sa culture sur la ville, considérait encore que la cité Anatole France comme faisant partie du quartier Université alors que le nouveau découpage administratif la place dans le quartier République.


Cela montre plusieurs choses ; on comprend à quel point cet acteur reste attaché à l’histoire de la ville de Nanterre, et comme la plupart de ces habitants, reste loin de ce qui se passe au niveau de la municipalité. De plus, le discours de M. Mathys est, comme tous les discours, à nuancer. Son attachement à la ville de Nanterre ne lui permettant pas de tenir un discours totalement objectif.



Lors de cette semaine de terrain nous avons mobilisé de nombreux outils. En début de semaine, après avoir fixé une première fois un angle d’approche (« faire quartier »), nous avions mis l’accent sur les observations de terrain et les recherches bibliographiques. L’idée était alors que chacun de nous s'approprie les terrains d’étude (quitte à retourner plusieurs fois sur le même terrain, à plusieurs, tout seul, etc.) et ait une idée précise de son évolution dans l’histoire. Ce qui suit, retranscrit donc nos recherches et leurs apports, leurs impacts dans l’évolution de notre travail.



CONTEXTUALISATION HISTORIQUE : Histoire du quartier république : la cité Anatole France et la cité Rouget-de-Lisle


Les délimitations du quartier République ont été votées lors du conseil municipal d’octobre 2008. Elles visent avant tout à prendre en considération les nombreux projets urbains qui, à terme, vont profondément modifier ce territoire.


Deux politiques publiques sont présentes sur le territoire du quartier République de Nanterre qui sont :

  • la rénovation urbaine

  • le projet éducatif local

Ainsi, les autorités publiques ont mis en place des réunions de quartier, des conseils, des événements entre quartiers (fêtes de quartier) ainsi que diverses activités culturelles (danse, théâtre, etc.) afin de travailler avec les jeunes et les habitants en général sur les problèmes qui subsistent au sein du quartier.


Un nouveau quartier


Le quartier République s’étend du pont de Rouen au quartier d'habitation de Rouget-de-Lisle, et du parc du Chemin de l’Île situé en bord de Seine, jusqu'à la gare Nanterre Université.

Il est traversé d’est en ouest par l’avenue de la République.

   

Des disparités urbaines et sociales importantes


Le quartier République est un pôle important en matière de transports notamment avec l’A14 et l’A86 et en 2015, et la gare RER/ SNCF Nanterre-Université.                 

On constate également de nombreuses coupures urbaines qui complexifient la continuité et la cohérence de ce territoire : passage des voies de RER Paris-Cergy et Paris-St Germain en Laye, couverture de  l’échangeur A14/A86, en travaux depuis près de 20 ans…

  • Deux principaux ensembles de logements sont implantés sur le quartier République : Rouget-de-Lisle et Anatole France. Ces deux composantes sont très hétérogènes :

- La ZAC Rouget-de-Lisle est composée de logements neufs, construits entre 2000 et 2012. Elle mélange le privatif, le logement social, le logement étudiant.

- La cité Anatole France, constituée de trois barres construites en 1955, propose quasi exclusivement du logement social.


Histoire de chaque ensemble :


La cité Anatole France est construite à partir de 1955 sur une partie du camp d’aviation militaire de La Folie utilisé à cet effet depuis la fin de la première guerre mondiale; l’autre partie étant occupée actuellement par l’université. C’est le moment où, à Nanterre comme dans toute la France, le problème du logement se pose avec acuité. Beaucoup de villes ont été bombardées, des régions sinistrées. L’afflux de population vers la région parisienne et la poussée démographique exigent de construire beaucoup et vite. Les logements sociaux manquent cruellement. Dans ce contexte, la société coopérative d’HLM de la Seine et de la Seine-et-Oise décide de réaliser une cité pour le personnel civil et militaire relevant de la Défense nationale. Elle est conçue par l’architecte Bernard Zehrfuss, qui avait déjà collaboré au programme des cités Berthelot et Provinces Françaises et imaginé, avec Jean de Mailly et Robert Camelot, le Palais du Cnit, à La Défense.


Coupe Anatole France ; le long de la rue Anatole France.


Coupe de la façade ouest de la première barre Anatole France



Construite selon l’idéologie impulsée par Le Corbusier et la Charte d’Athènes, la cité se compose de trois grandes barres de douze étages pouvant loger en tout 774 familles. Pendant les travaux, les moyens et les outillages utilisés sont nouveaux: le remplissage des façades est effectué avec des panneaux composites de béton de 17 m² de surface qui sont pré-coulés sur le chantier et posés à la grue. Les bâtiments édifiés sur des piliers ont la particularité de dégager d’immenses espaces pour les halls et les départs d’escaliers. Des garages à bicyclettes y sont aménagés. Les trois barres seront entourées d’espaces verts, c’est-à-dire d’une surface publique de plein air, semée et plantée de végétaux.  


La cité de Rouget-de-Lisle :

Aménageur: Paris La Défense

346 logements

218 logements sociaux

128 logements en accession

293 m² de commerces et équipements

Crèche: 771 m²

Livré entre 2008 et 2011


La ZAC Rouget-de-Lisle, initiée par l'EPAD en 1994, a été relancée par Seine-Arche en 2002 en privilégiant sa vocation résidentielle. La diversité de l'offre de logements (résidences étudiantes, logements sociaux, accession libre et encadrée) et la complémentarité des équipements proposés favorisent la cohabitation des générations.

Différents programmes de logements ont été réalisés entre 2008 et 2011 sur cette ZAC.


Les espaces publics:

Élaboré par Lucie Jeanneau et Jean Claude Laisné de l'agence E.A.U Architecture, le plan d'urbanisme de la Zac Rouget-de-Lisle résulte très directement des attentes exprimées dans les ateliers d'habitants : un règlement d'urbanisme précis qui traduit un projet et garantie son application dans le temps:

1. une organisation en plots de 17 mètres d'épaisseur qui autorise à la fois des cœurs d'îlots paysagers et la réalisation des parkings dans l'emprise  des plots

2. des percées visuelles vers les espaces paysagers de l'avenue de la République et les cœurs d'îlots,

3. un front bâti continu assuré par des éléments architecturaux légers qui accueillent terrasses et jardins d'hiver : ces « pièces à vivre » sont très appréciées des résidents,

4. une transition vers le cœur de la ZAC assurée par une déclivité progressive des hauteurs de bâti de 6 étages le long de l'avenue de la République à 4 étages sur la rue des Grands Buissons.


Coupe Rouget-de-Lisle faite sur la rue des grands buissons


La Maîtrise d'œuvre de tous les espaces publics de la ZAC Rouget-le-Lisle et du square est assurée par EAU Architecture associée au BET Urbatec.



IMPACT SUR NOTRE TRAVAIL? Cette recherche historique nous a permis de mieux comprendre les différences architecturales, morphologiques et sociales observées lors des promenades. Cela a aussi initié une comparaison plus systématique des deux micro-territoires.


Dans l’idée d’observer concrètement la “vie de quartier” nous avons fait émerger des indicateurs représentant, selon nous, des critères comparables entre Anatole France et Rouget-de-Lisle. Nous en avons dressé un tableau de comparaison.


Cet outil de comparaison a permis de recadrer notre analyse sur quelques points importants:

  • les équipements (scolaires, sportifs, de loisirs) : les deux espaces possèdent une offre similaire d’équipements scolaire maternelle, primaire, centre de loisir et se croisent spatialement au niveau du collège du zonage scolaire.

  • les activités associatives qui animent le quartier et les environs

  • les commerces

  • les espaces publics ouverts

  • les dynamiques polarisantes à l’extérieur de l’espace

Pour compléter ces informations officielles et quantitatives, nous avons décidé d’aller observer les îlots Anatole France et Rouget-de-Lisle pendant plusieurs jours. L’idée était de comprendre les logiques d’occupation de l’espace, d’observer les déplacements et les sociabilités des habitants dans les deux espaces.


OBSERVATIONS DE TERRAIN


Nos impressions générales




« Lors de ma première visite du quartier de Rouget-de-Lisle, j’ai trouvé frappante la différence esthétique et architecturale avec la cité Anatole France (du vieux et du neuf , moderne et ancien ) » - Kahina

Observations 

Par groupe de deux, nous commençons par arpenter les micro-territoires, puis nous nous installons chacun à un endroit ciblé au préalable. Il s’agit de coins de rues, d’écoles, de commerces, de pistes cyclables, etc. Lors de nos premières observations nous n’avions établis ni des grilles, ni de lieux spécifiques à observer. Dans l’optique de « comprendre le terrain par le terrain » nous avons cherché à situer les habitants dans l’espace, et une fois que nous avions repéré les lieux de rencontre, de fortes fréquentations, nous nous sommes mis d’accord sur une approche commune.

Chacun de nous rendions compte de nos observations personnelles dans nos carnets de terrains. L’idée était de pouvoir résumer précisément ces observations une fois face au groupe.



Outils utilisés :

Observation transparente et ponctuelle, comptage, croquis, schémas des déplacements, discussions avec les passants. Voici quelques uns que l'on a pu utiliser pour se repérer et communiquer entre nous les résultats de nos observations :





Des temporalités différentes

La pratique de l’espace public est différente en fonction des heures et des journées. L’animation principale provient, pour Anatole France comme pour Rouget-de-Lisle, des écoles. Les cris émanant des cours de récréation sont parfois les seuls bruits du quartier. Les temps du matin et du soir sont cruciaux dans l’animation de l’espace public ; les mères de familles (et quelques pères, notamment à Rouget-de-Lisle) viennent chercher leurs enfants à la sortie de l’école ou du centre de loisirs. Il semble que ce soit, pour elles, le moment se retrouver et de discuter un petit peu. Sur ces mêmes temporalités (matin et soir), les trottoirs et voies de circulations (piste cyclable, routes, etc.) sont le théâtre des flux rapides de voyages pressés par le temps qui partent ou arrivent.

Le midi semble être le temps des «habitants de passage» ; les travailleurs et les étudiants affluent vers les commerces alimentaires (fast-food) pour le déjeuner. Ces usagers ont une pratique restreinte de l’espace public. Ils restent autour des lieux qui leurs sont dédiés ; food-truck, campus Inov, Kebab… A l’inverse les femmes du quartier sont absentes.



Des espaces publics de proximité peu investis

Nos observations ont montré que les espaces publics des deux micro-territoires sont peu investis par la population. Ou plus précisément, étaient peu investis aux moments de nos observations (mardi matin, midi, soir ; mercredi après-midi, jeudi midi). Quand les rues ne sont pas vides, on y voit des flux de passants dont la démarche pressée indique, soit leur départ vers les transports en commun, soit le retour.


Le mercredi après-midi, journée des enfants, les rues de Rouget-de-Lisle et les espaces herbeux de Anatole France sont vides. Les individus rencontrés sont majoritairement au parc Hoche. Ce sont des femmes et des enfants.



Des lieux polarisateurs vers l’extérieurs

Grâce à nos observations des flux de circulation, mais aussi des témoignages que nous avons fait avec des passants, nous avons pu observer que les pratiques habitantes sont majoritairement polarisées vers l’extérieur des micro-territoires. Que ce soit le quartier Hoche et son parc, Nanterre centre et ses commerces, Paris- la Défense et ses hubs de transports, l’université et la gare Nanterre - Université. Les habitants ne restent pas dans leurs quartiers.


La bonne desserte du territoire en transports en commun et le manque de services (« c’est vide », « il n’y a rien » nous disent-ils) amène les habitants à faire leurs courses aux supermarchés alentours, à aller au cinéma à la Défense ou même à l’église sur leurs lieux de travail.





Carte interactive du territoire d'étude (fait par Anaterre):






Ce qu’on en retient :

Nous n’avons observé que peu d’échanges entre les deux micro-territoires. Les habitants vivent au sein de leur quartier. L’espace public est majoritairement un lieu de passage et les lieux où les habitants des deux secteurs pourraient se rencontrer (établissements scolaires, commerces, lieux de cultes…) semblent investis en majorité par les habitants du micro-quartier.


De nos observations, nous retenons donc que les deux zones fonctionnent comme des micro-quartiers centrés sur eux-mêmes : Il n’y a pas d’articulation entre eux, ils se tournent vers des lieux polarisants internes au micro-quartiers (écoles maternelles, primaires) ou externes au quartier République (commerces, parcs, hub de transports multimodal). De plus, ces observations font écho à l’enquête « Habitat et vie du quartier » présenté lors du conseil du quartier République du 22 novembre 2011, qui explique que 46% des habitants d’Anatole France ont déclaré que « pour eux, le quartier s’est dégradé », alors qu’à l’inverse, 34% des habitants de Rouget-de-Lisle ont déclaré que le quartier était "plutôt mieux". Ces chiffres permettent de constater qu’il est difficile de concevoir le quartier République comme un tout. Comme nous l’avons constaté dans nos observations et les quelques témoignages récoltés, l’hétérogénéité de sa population et de ses territoires résidentiels vont à l’encontre d’un sentiment d’appartenance au quartier République.



RECHERCHE EPISTEMOLOGIQUE

MICRO-QUARTIER : îlots interne au découpage opératoire en quartier, dont les frontières sont délimités par l’espace vécu et l’espace perçu. Développement d’une sociabilité de quartier et donc d’une conscience de faire communauté.



Ces analyses nous perdent un peu...


Nous nous posons de plus en plus de questions et nos intérêts se fixent sur de plus en plus de sujets différents. Ainsi, après confrontation de ces analyses et discussion avec M. Frédéric Dufaux (qui nous aide à nous recentrer sur le sujet), nous arrivons à la conclusion que la question « République fait-il quartier ? » n’est en réalité pas opérant puisqu’elle ne se pose à aucun moment dans la réalité des habitants.


Nous avons donc décidé de réorienter le sujet le terrain vers une compréhension des mécanismes sociaux qui traversent le quartier République, dans l’idée que la comparaison des deux micro-quartier résidentiels reflète le fonctionnement global du quartier république.

Ainsi, à partir de ce moment, nous lors des terrains, nous cherchons à comprendre :


Comment appréhender les mécanismes sociaux d’un quartier en une semaine de terrain, dans un contexte de mutations urbaines multiscalaire ?



 
 
 

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